Soirée mouvementée hier soir. C’était
Soirée mouvementée hier soir. C’était repas-nanas. Nous ne nous étions pas retrouvées toutes ensemble depuis la course Dolce Via, le temps passe à une allure…
Peut-être étions-nous un peu bruyantes ? Eclats de voix, de rire ? Toujours est-il que Lisbeth est arrivée en trombe dans la cuisine que nous avions investie et d’une voix blanche et cassante, toute colère en lisière, elle nous a intimé l’ordre de nous taire. Moins fort, s’il vous plait, taisez-vous ! Et elle s’est effondrée en sanglots. C’est Joe qui a réagi le plus vite et s’est précipitée vers elle pour la prendre dans ses bras. Calme toi ma Chérie, répétait-elle tendrement. Nous étions désemparées par cette crise de larmes, d’autant que Paul n’était pas encore rentré. Mais c’était bien à nous, les nanas, de faire les nounous de maman. Nous connaissions ce sentiment de montagne insurmontable devant la grande responsabilité qui nous tombe dessus à la naissance de bébé. Plus le ventre s’arrondit, plus la montagne approche. On la pressent, le monticule s’élève, on en fait le tour avec circonspection, et le jour J, c’est un séisme qui fait surgir un Everest fantasmagorique. C’est flou, nébuleux et infini. Cette vie en nous présage des aventures inconnues. Déjà, l’accouchement nous parait improbable, bien sûr, le petit corps va sortir de nous, il va trouver le chemin, et ce chemin en nous est tout tracé, mais le cerceau bloque sur la réalisation concrète du truc. Pendant neuf mois, cohabite en nous la personne habituelle, qui va travailler, qui continue à marcher dans la rue, à rencontrer des gens, elle parle, elle rit. Et il y a l’autre, la machine à fabriquer un être humain, qui ne fume plus, ne boit plus, ne prend plus de médicaments, dont le mécanisme mystérieux s’affole de malformations potentielles, se tourmente de mal-être intérieur, s’effraie de mauvaises pensées perturbatrices. C’est à ce moment là que vient se nicher dans le sternum des mères l’inquiétude dont l’empreinte restera gravée à jamais.
Faut y passer, et même rassurées par le premier cri, le nombre d’orteils, le ciboulot qui parait carburer, l’insouciance s’est fait la malle.
On n’a rien dit de tout ça, bien sûr. On a déménagé notre casse-croute dans le grand salon, histoire d’éloigner le bruit de la chambre de Juliette, la mignonette dormait comme une bienheureuse… On a servi un verre de vin blanc à Lisbeth, et on a raconté des blagounettes. Quand Paul est arrivé, après avoir trinqué avec nous, les tourtereaux se sont éclipsés, en nous recommandant gentiment de ne pas parler trop fort. Cette réprimande nous a filé le fou-rire, c’était mal barré pour le silence ! Puis Véro a marché sur la queue de Figaro, il a miaulé comme un malade, de surprise, j’ai renversé mon assiette et chacha a reçu mon quasi de veau sur le museau, c’était un joyeux bordel et nous n’avons retrouvé notre calme qu’après de longues minutes, tendant l’oreille en craignant les pleurs de Juliette… Mais non, ouf !
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