Qui aimait-il, cet Aragon ? Fou d’Elsa, pour ce
Qui aimait-il, cet Aragon ? Fou d’Elsa, pour ce qu’on en sait.
Le poète nous a laissé, peut-être grâce à Jean Ferrat, la citation dont toute femme a un jour usé pour se défendre d’une quelconque discrimination.
La version originale n’est pas aussi féministe que la chanson composée par Ferrat, mais les poètes ont toujours raison, dans un sens ou dans un autre.
L'avenir de l'homme est la femme
Elle est la couleur de son âme
Elle est sa rumeur et son bruit
Et sans elle il n'est qu'un blasphème
Il n'est qu'un noyau sans le fruit
Sa bouche souffle un vent sauvage
Sa vie appartient aux ravages
Et sa propre main le détruit
On peut quand même s’étonner des ambivalences de l’homme. J’ai tendance à penser que son talent littéraire lui a permis de réparer les épreuves qu’il a traversées, d’assimiler ses contradictions.
Des mots il a tiré des sons, émotions pures, sonorités du poète.
Un don pour extérioser ses sentiments, ses tourments. Tout le monde n’a pas cette chance.
Pour commencer, il ne sait pas où il est né exactement (pour faire son thème astrologique, c’est pas cool, mais bon, il devait s’en foutre, les communistes ne croient pas dans les étoiles). Son père ne le reconnait pas et choisit le nom d’Aragon en souvenir d’un poste d’ambassadeur en Espagne. C’est un peu enfoiré, je ne te reconnais pas mais je t’invente un nom. Moi, ça ne m’aurait pas plu.
Communiste forcené, il applaudit Staline et suite à un article qu’il écrit sur le pacte germano-soviétique (en 1939, ça fait érudition, mais c’est wikipédia), le PCF est mis hors-la-loi et Aragon est même obligé de se réfugier quelques jours à l'Ambassade du Chili aux bons soins de son ami Neruda (merci Wikipédia). C’est un vrai sac d’écrivains, le PCF. D’ailleurs, la réunion dans l’engagement de tous ces intellos français n’empêchait pas que chacun ait son propre mythe de la révolution. … Aragon fut un des derniers à lâcher, à admettre les épurations, les répressions, les crimes du régime soviétique. Illusions douloureusement perdues. Ça doit déstabiliser les fondations, quand ce que tu as toujours défendu, par idéal, finit par t’exploser à la figure.
Pendant la guerre, son pote intime Pierre Drieu la Rochelle vire collabo quand lui prend résolument parti pour la Résistance contre le nazisme. Encore une déception, et une douleur supplémentaire quand l’ancien ami se suicide.
En 1970, c’est Elsa qui meurt d’un malaie cardiaque.
Alors, la femme n’est même plus l’avenir, et Aragon affiche son attirance sexuelle pour les hommes, (que parait-il, Drieu la Rochelle avait déjà évoquée dès les années 1930, ah bon, moi, je ne savais pas, j’en étais restée à aux beaux yeux d’Elsa).
Quelle vie… ça a dû lui faire bien des nuits blanches, tout ça.
Et y’aurait tant à dire aussi sur les artistes qui ont repris ses textes en chansons, mais bon, j’ai la flemme. Qui s’y colle ?
Toquinho & Vinicius - Como dizia o poeta