Ma génialissime sœur Anne qui voit tout venir,
Ma génialissime sœur Anne qui voit tout venir, faudra qu’on recause de la colocation ! A vrai dire, on avait surtout vu le côté financier du truc ! C’est sûr qu’à moi seule, les charges de l’appart ne sont pas possibles à gérer. L’idée était bonne, j’admets ! Mais colocation entraine cohabitation, et ça, c’est surprise pour moi. Quand je suis rentrée du musée tout à l’heure, j’avais faim. Pour une fois ! Je m’étais arrêtée à la boulangerie pour me prendre une quiche, et j’avais même craqué pour un éclair au chocolat, c’est dire mon appétit féroce. Et je m’étais imaginée attablée tranquille avec une tasse de thé. En arrivant, j’ai tout de suite entendu du bruit dans la cuisine. J’ai jeté un coup d’œil et j’ai vu le gars d’hier, toujours en caleçon, d’abord, ça c’est quand même dingue, et sur mon canapé, et en train de jouer à la console sur la télé. J’ai pris un air naturel sympa et je lui ai dit que, et là, journal, je ne sais pas si je restitue dans le bon ordre, mais que c’était mon canapé, que si c’était pas trop demandé il fallait avoir une tenue correcte dans l’espace commun, que la moindre des choses était de laisser propre et rangée la table de la cuisine, qui soit dit en passant était encore ensevelie des restes de l’avant veille, que la télé n’était pas un jeu, enfin je me suis un peu embrouillée, et je ne sais pas si j’étais vraiment naturelle et sympa… Quand j’ai eu fini ma litanie, le gars m’a dit : « Bonjour, je m’appelle Julien (et là, je me suis sentie con, j’avais pas dit bonjour !) en ce qui concerne la tenue, je te dirais qu’hier il me semble que tu étais en Tshirt culotte ( j’ai rougi, et puis, quoi, on se connait ? on se dit tu ?). Pour la télé, je vois pas en quoi c’est un problème, mais t’inquiète, Eulalie va en mettre une dans sa chambre (ben, non, c’est pas que je m’inquiète, mais bon) et qui a dit que c’était ton canapé (moi, c’est celui qui a la meilleure vue ! ).
Je lui réponds quand même que je ne savais pas qu’Eulalie emménageait à deux personnes et que j’ai pu choisir mon canapé car j’étais la première arrivée.
Et lui me rétorque que la proprio doit être sacrément toquée pour avoir prévu un canapé par personne, comme elle a prévu un frigidaire par personne, et un placard de cuisine par personne.
Ça m’a, ça m’a … estomaquée ! j’ai dit « ben oui, c’est comme ça, et moi, ça me convient » et je suis allée manger dans ma chambre.
Sauf que j’avais plus trop faim.